La Fête

Saint-Denis en Brocqueroie … une tradition de LA FÊTE

C’était en 1981.

Cette année-là, nous voulions marquer le neuvième centenaire de la fondation de l’abbaye (1081 donc). Nous n’étions coopérative que depuis trois ans et plusieurs n’étaient pas encore installés dans  leurs lots.

Comme c’était la mode à cette époque, nous avons voulu faire un week-end d’artisans et de brocante. C’est Luce, Monique et leur Capricorne qui ont alors pris les choses en main.

En même temps, on s’est dit qu’il fallait faire un week-end culturel et historique (forcément, 9e centenaire oblige).

Enfin, on ajouta un week-end sportif … et je ne sais plus très bien ce qu’il comportait.

Le choix de la date s’inscrivit aussi dans la tradition locale puisqu’on nous avions décidé de nous centrer sur le dernier week-end avant la rentrée, date de l’ancienne fête que la Filature organisait pour ses ouvriers (à la Saint-Louis, le 25 août).

Le week-end culturel a été une belle réussite. Les visiteurs ont redécouvert l’abbaye et il y a eu plein d’échanges, le début des retrouvailles entre l’abbaye et les localités environnantes. Longtemps oubliée et engourdie, l’abbaye se réveillait et attirait toutes les attentions.

Mais c’est le week-end « brocante et artisans » (avec des animations) qui nous a vraiment surpris et, même, carrément dépassés. Pour la première fois, ce fut la foule. Des milliers de personnes attirées par une très large couverture presse et par une mobilisation sans faille de tous les coopérateurs. On était tous en train de travailler dans les bars et dans les animations et on venait nous dire que c’était la pagaille dans le village, que tout était bloqué, qu’il y avait des voitures partout et que l’on se garait n’importe comment. Inattendu et inespéré.

Deux conclusions en furent rapidement retirées. La première fut qu’il fallait que nous ayons notre bière et tel fut l’acte de naissance de la brocqueroise, vaste fleuve de bière traditionnelle non filtrée qui nous fit voguer pendant vingt ans de fête et fête. La deuxième fut qu’il nous fallait une asbl (les Amis de l’Abbaye de Saint-Denis en Brocqueroie), que celle-ci serait l’organisatrice de nos activités culturelles et que ses bénéfices serviraient uniquement à la conservation et à la restauration des composantes patrimoniales du site. À ceci près que ces interventions ne pourraient bénéficier aux coopérateurs. Il s’agissait d’œuvrer en faveur du patrimoine régional. Au profit de tous les amateurs de patrimoine naturel et culturel.

Avec les années, nous prîmes de la bouteille. Nous avions nos brocanteurs et nos artisans habitués. Nous façonnions un large programme d’animations qui allait du théâtre de rue aux inoubliables soirées percussion le samedi soir dans la grange. Le temps fut le plus souvent de notre côté. Et l’affluence fut, d’année en année, de plus en plus grande. Une année, nous fûmes sans doute à deux doigts des 10.000 visiteurs sur le week-end. Et c’était magie de les voir entrer à flot continu le dimanche après-midi. Il doit en rester bien des souvenirs dans la tête des Sonégiens, des Montois et des autres qui se pressaient alors dans nos murs.

Avec le temps, les frais fixes sont devenus de plus en plus importants. Tout comme les coûts des animations et des groupes musicaux. D’autant qu’une brocante libre s’était installée dans le village, retenant longuement les visiteurs avant d’arriver à l’abbaye. Sans doute y eut-il aussi, après 20 ans, le sentiment du devoir accompli. D’autant que nous avions introduit auprès de la Fondation Roi Baudouin un projet de consolidation des Grandes  Ruines, projet qui nous fit dépenser l’équivalent de 100.000 euros d’aujourd’hui.

Mais l’abbaye en FÊTE est là comme un bagage génétique, comme une nostalgie. Ponctuellement, nous avons voulu des moments de manifestations originales et de grande envergure (mais évidemment, nous avons aussi fait des « petites » fêtes avec du théâtre, des concerts, des conférences …). Il y eut, notamment, les Diables, grand spectacle pyrotechnique et ambulant, à la nuit tombée, dans les coins secrets de l’abbaye. Il y eut aussi la création originale de ce qui aurait pu devenir un festival de l’été mais qui n’eut qu’une seule édition « L’Ouïe qui Danse » (pour « Louis » qui danse ?), une fête décalée avec tentes, chapiteau de cirque pour les Ogres de Barback et percussions en folie (festival qui fit, presque, du bénéfice). Dans le même esprit, on initia également un B’Rock-Challenge …

Depuis 1996, l’abbaye accueillait une journée « Art et Vins » du club Rotary de Soignies (11 novembre) qui connaissait un succès d’estime. En 2006, la manifestation devint « art et saveur » et se déplaça vers un week-end estival qui fut … évidemment, le dernier week-end d’août. Bien sûr, ce n’est plus la fête des coopérateurs mais on s’y croirait et les habitants de l’abbaye continuent à en partager l’ambiance.

Puis vint Mons 2015 et l’idée d’un partenariat entre le Rotary de Soignies et l’asbl des Amis de l’Abbaye. Un vrai fantôme, apparu à l’abbaye en 1636, suscita l’idée. D’autres fantômes le rejoignirent et l’on assista ainsi, entre le coucher du soleil et les douze coups de minuits, à une invasion teinté de mystère et d’humour, invasion qui fut aussi celle des participants puisque c’est près d’un millier de personnes qui participèrent aux deux éditions de ce spectacle historique créé pour la première fois à cette occasion.

Les habitants de l’abbaye ont la fête chevillée à leur histoire.

Une fête qui doit beaucoup à leur dynamisme et à leur engagement année après année.

Mais une fête qui, sans doute, doit aussi au site qui l’accueille et qui crée toutes les conditions d’un événementiel unique qu’on ne trouve finalement que dans l’ancien enclos des moines de Saint-Denis.

Texte Gérard Bavay

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